Les lifestyles entrepreneurs
Entre ubérisation et exigences de flexibilité, notre société du travail est de plus en plus contraignante et précaire. Nombreux sont les entrepreneurs qui recherchent un autre style de vie professionnelle moins dénué de sens, et qui remettent au centre leur passion ou leur famille. On les appelle les « lifestyle entrepreneurs i » (prononcer à l’américaine).
CONVERSION OU RECONVERSION
Certains quittent tout du jour au lendemain ii, par besoin, par nécessité, après un burn-out ou avant un burn-out. La rupture est souvent brutale mais pas forcément douloureuse. C’est-à-dire qu’on assiste à un véritable décrochage pour fuir un mode de vie stressant et trop urbain. L’expression « se mettre au vert » convient bien à cette démarche contestataire. Ces entrepreneurs ont décidé de ne plus laisser leurs rêves de côté.
SE RECENTRER AUTOUR DU PRIMORDIAL
Certains retrouvent un mode de vie casanier, en favorisant leur vie de famille. On travaille chez soi, on aménage ses horaires en fonction des autres membres de la famille iii. On se libère pour aller chercher les enfants à la sortie de l’école. On se remet au travail le soir et on trouve aussi pendant le week-end le temps nécessaire pour « collecter » l’argent juste indispensable. Car le plus important n’est pas la quantité mais la qualité. Certes le lifestyle entrepreneuriat crée peu d’emploi iiii, c’est une démarche autocentrée. Ce qui compte, ce n’est pas l’opulence, c’est le temps passé en famille.
BAROUDEUR
On voit nombre d’entrepreneurs mener une vie de baroudeurs, à fond dans leur passion (musicale, artistique, champêtre !) se tourner vers une activité rémunératrice juste le temps de réapprovisionner les comptes. Encore une fois, la réussite n’est pas synonyme de prospérité économique. C’est plutôt une question de bien-être. Il faut réussir à être heureux !
MODE DE VIE
L’entreprise suit l’aventure humaine et personnelle et se plie aux impondérables. Si on vit dans une roulotte, en se déplaçant au fil des saisons, Internet dépendra du réseau disponible au jour le jour. Si on est parti vivre sur une île de l’autre côté du monde, on se relève la nuit de temps en temps pour communiquer avec ses clients ou ses collaborateurs qui n’ont pas le même fuseau horaire. À l’heure de l’économie numérique, ce qui paraissait impensable il y a encore trente ans ne l’est plus. C’est dans la tête que les contraintes les plus fortes demeurent.
i « Lifestyle Entrepreneur », Jesse Krieger.
ii « Tout quitter du jour au lendemain pour voir le travail autrement », Laurie Debove – La relève
et la peste – 03/07/2018
iii iiii « Lifestyle entrepreneurship ou le triomphe de l’hyper-individualisme en économie? », Séverine
Le Loarne-Lemaire – The Conversation – 15/11/2016, Anne-Laure Monfret, Dunod, 2015.