Fraude en entreprise : connaissez-vous « l’arnaque au président » ?
L’arnaque est un art, pratiquée par des escrocs méthodiques et rigoureux, spécialisés dans la psychologie et la recherche sur Internet. Et ça marche, car le préjudice subi entre 2010 et 2013 est estimé à 300 millions d’euros par la police judiciaire. Mais il ne s’agit que de la face visible de l’iceberg. En réalité, certaines entreprises victimes de fraude par e-mail préfèrent garder profil bas. Selon des informations procurées par LesÉchos.fr, la « fraude au président » représenterait 10 % des arnaques à l’entreprise en France.
Modus operandi de la fraude au président
Il faut reconnaître un certain talent et l’assiduité des fraudeurs. Jugez par vous-mêmes… Ils commencent par rechercher un maximum d’informations sur les entreprises visées. Ils s’intéressent particulièrement aux nouvelles équipes managériales, pariant sur le fait que les nouveaux dirigeants doivent s’adapter. Ils privilégient les structures peu organisées, et trouvent le contact des décideurs.
Une fois la cible identifiée, les fraudeurs achètent tout à fait légalement un numéro de téléphone français, dont ils vont se servir pour contacter oralement leur proie. Ils n’oublient pas d’envoyer un e-mail au nom de domaine d’une entreprise cliente. L’illusion est parfaite.
Le fraudeur contacte un comptable ou un trésorier, en se faisant passer pour le président d’une entreprise du réseau. Il se rend crédible aux oreilles de son interlocuteur en lui procurant des informations véridiques, facilement glanées sur Internet. La raison de son appel : il réclame un paiement d’urgence en retard, si possible en toute confidentialité. Cette fois-ci sera exceptionnelle, car le paiement est à envoyer à l’étranger, le « président » joint d’ailleurs un RIB.
Peu au fait des risques, le salarié paye et l’arnaque est ficelée.
Les fraudes rapportées par les entreprises
Le coup du président a ses propres dérivés. Fraude au comptable (22 % des fraudes à l’entreprise en France), aux achats (21 %), ou détournement d’actifs (61 %).
L’issue se termine souvent par le licenciement pour faute professionnelle du salarié trop crédule. Il n’empêche que les entreprises n’y sont pas suffisamment préparées. C’est ce qui a poussé une à organiser des rencontres entre ses clients et des policiers spécialisés. La banque invite les dirigeants à sensibiliser ses collaborateurs, mais la question reste encore tabou dans les bureaux.