Il crée sa boîte en Charente et la propulse parmi les leaders du marché français en cinq ans !

Spécialisé dans l’application de chapes en ciment dans nos habitations, cet entrepreneur charentais est parvenu à hisser sa société parmi les plus importantes de France dans son domaine. Son parcours, les moments marquants de son entreprise, ce qui a boosté son activité… Interview.

Thierry Ravon,
Né le 19.10.1967 à Saint-Georges-de-Didonne (17).

 

L’entrepreneur Charentais : Thierry, peux-tu nous parler de ton parcours, jusqu’à la création de ton entreprise ?

Thierry Ravon : Je suis né en Charente-Maritime, d’un père commerçant et d’une mère qui l’aidait. Mon père a créé une boucherie dans son village. Malheureusement, trois mois plus tard, il a été contraint d’arrêter à cause d’une maladie. Il est ensuite devenu gérant salarié, toujours dans le domaine de la boucherie. J’ai toujours vu mon père travailler comme un fou. Son travail et ses clients, c’était sa vie. Ça m’a marqué.

Après un BEP dans la vente, je me suis orienté vers une école de commerce. Pour tout dire, au départ, je voulais être garde-chasse ou garde-pêche. J’ai toujours été un amoureux de la nature. Ma mère s’y est opposée. Selon elle, ce n’était pas un métier.

J’ai démarré ma vie professionnelle par un stage dans un magasin de textile, avant d’y être embauché. Je vendais des costumes sur-mesure. Cela a duré deux ans et demi. Mon patron de l’époque m’a d’ailleurs énormément appris sur le commerce et le sens client. J’ai ensuite été embauché dans une grande enseigne de prêt-à-porter en tant que chef de rayon, toujours dans le textile homme.

Les événements de la vie m’ont ensuite amené à changer d’horizon.

Un jour, en 1993, j’ai répondu à une annonce. L’entreprise cherchait un vendeur de béton prêt-à-l’emploi. Je ne savais même pas ce qu’était un camion toupie à l’époque. J’ai quand même été recruté dans cette société spécialisée, à Jonzac, dans le cadre d’un contrat de professionnalisation. Durant deux ans, j’ai multiplié les trajets vers Paris pour suivre une formation sur les ciments, les sables, les liants hydrauliques… J’ai ensuite évolué en tant que chef de secteur au sein de cette entreprise.

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« Notre métier ? Chapiste. Concrètement, nous réalisons des chapes de ciment sous lesquelles nous posons des isolants phoniques et thermiques. Nous apportons également des solutions esthétiques et économiques de revêtements de sols au travers de l’application de bétons décoratifs et de bétons cirés millimétriques. »

 

L’entrepreneur Charentais : Tu as créé ton entreprise il y a près de 15 ans maintenant. Quels ont été les événements marquants qui ont participé à faire ce qu’elle est
aujourd’hui ?

T.R. : En effet, j’ai créé mon entreprise, Chape liquide charentaise, le 15 octobre 2001. J’ai démarré avec un associé pour financer le projet. Très vite, dès la première année, j’ai été contraint de racheter ses parts, en héritant d’un gros déficit. Le démarrage a été très difficile. Mon beau-père m’a même aidé en se portant caution. J’avais une sacrée épée de Damoclès au-dessus de la tête. Je ne voulais surtout pas le mettre dans la panade.

C’est à ce moment que j’ai fait la connaissance d’un expert-comptable qui a compté pour moi. Je me souviens, il m’a dit : « Je te donne deux ans pour remonter la barre, sinon je te lâche. » Cela m’a donné un vrai coup de fouet. J’ai ainsi appris ce qu’était la gestion rigoureuse d’une entreprise, les objectifs… Il nous a bien aidés.

Au total, il a fallu trois ans de travail acharné pour remonter la pente. Je travaillais du lundi au dimanche, et je livrais un travail sérieux. C’est à ce prix qu’on a réussi à créer une bonne dynamique.

Ensuite, mon épouse m’a rejoint dans l’entreprise. Elle m’a supporté, aidé… Je lui dois beaucoup. Je n’aurais pas pu réussir seul.

À mes débuts, cela a été très difficile pour moi de travailler en Charente. C’est en Charente-Maritime que j’ai réussi à obtenir mes premiers chantiers. Et puis, à force de patience et d’acharnement, j’ai su gagner la confiance des Charentais. Il m’a quand même fallu cinq ans pour y parvenir.

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Il y a eu un tournant dans la vie de ma société. Il y a environ sept ans, j’ai cherché à développer mon entreprise en trouvant de nouvelles alternatives aux méthodes traditionnelles. Je voulais innover. Il fallait trouver des solutions qui permettent de fabriquer des chapes qui sèchent plus rapidement, pour moins cher, tout en offrant de meilleures propriétés techniques. Et nous y sommes parvenus. Cela nous a permis de multiplier les volumes par deux. Une vraie réussite. Je me suis d’ailleurs attiré les foudres de certains acteurs à cette époque…

En 2011, est arrivée la crise du bâtiment. Pour te donner une idée, il y a cinq ans, on comptait environ 3 300 chantiers de maisons en Charente. Il n’y en avait plus que 920 l’année dernière. On a assisté à une mutation du marché. La conjoncture était difficile. Les prix ont baissé. Les marges sont devenues catastrophiques. C’est à ce moment que l’on a décidé de nous diversifier en proposant des bétons décoratifs et des bétons cirés millimétriques. C’est le dernier événement marquant de l’entreprise.

Fiche d’identité

Nom : Chape liquide charentaise
Effectifs : 19 salariés
Création : 15 octobre 2001
Implantation : Angoulême, Bordeaux
Zones d’intervention : 16, 17, 24, 33, 24, 87
Chiffre d’affaires : ≈ 2 100 000€

 

E.C. : Ton entreprise est détentrice d’un record. Peux-tu nous en parler ?

T.R. : C’est vrai. Entre 2006 et 2010, je suis devenu le plus gros chapiste de France. Mon entreprise a généré jusqu’à 7 000 m3 de chape par an. À titre de comparaison, cela représente environ 140 000 m2 de surface. Une maison, en moyenne, représente 5,5 m3.

Pour l’anecdote, aujourd’hui, mon entreprise réalise près de 1 000 maisons dans l’année. Or, la Charente met en chantier environ 920 maisons sur la même période. En d’autres termes, la Charente ne suffirait pas à elle seule à faire vivre mon entreprise.

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E.C. : Le métier de chapiste est-il reconnu ?

T.R. : Le métier de chapiste est très technique. Dans certains pays, comme la Belgique ou l’Allemagne, ce métier est reconnu. Ils y ont même fondé une école de chapiste. D’ailleurs, on m’avait sollicité pour participer à la mise en œuvre d’une formation professionnelle dédiée au métier de chapiste, à Angoulême. J’étais content de pouvoir partager mon expérience.

La formation a bien eu lieu, mais la professionnalisation – la possibilité de la rendre diplômante – est tombée à l’eau. D’ailleurs, la formation n’existe plus aujourd’hui. Le métier de chapiste n’est donc pas vraiment reconnu en France. Surtout, ce que je trouve dommage, c’est que l’on aurait peut-être pu faire de la Charente le premier département qui forme et professionnalise le métier de chapiste en France. On a peut-être loupé un train à ce moment précis.

E.C. : Quels conseils donnerais-tu à un créateur d’entreprise qui se jette dans l’arène ?

T.R. : Je lui conseillerais peut-être de se satisfaire d’une petite structure, et d’éviter les associations malheureuses. Aussi, la concurrence est telle qu’il est difficile de vendre de la qualité dans une société de consommation qui réclame un prix. Je l’encouragerais donc à s’orienter vers des activités que personne ne fait, de se différencier.

E.C. : À quoi comparerais-tu ton entreprise ?

T.R. : Je compare mon entreprise à l’aviron. Il y a des gars qui rament, et il y en a un qui bat la mesure. On peut avoir le meilleur des barreurs, si les autres ne rament pas, le bateau n’avance pas. J’ai un personnel extraordinaire. Je fais attention à eux et ils font attention à moi. Et ça, pour moi, ça n’a pas de prix.

« J’ai un personnel extraordinaire. Je fais attention à eux et ils font attention à moi. Et ça, pour moi, ça n’a pas de prix. »

E.C. : Pour conclure, quel(le) maxime ou proverbe te donne de l’élan dans les bons moments comme dans les plus difficiles ?

T.R. : « Marcher la tête haute et regarder les gens pour qui j’ai travaillé dans les yeux. » C’est important pour moi.

 

 

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